Observatoire Meteojob des discriminations à l’embauche
Les discriminations lors de la recherche d’emploi ont doublé en 20 ans : de 12% en 2001 à 21% en 2021
Formes, profils, motifs… Meteojob et l’IFOP dévoilent les chiffres et les enseignements de leur enquête dédiée aux discriminations à l’embauche
A Paris, le 10 juin 2021 – Meteojob, site de recherche d’emploi du groupe CleverConnect, a réalisé, avec l’IFOP, une grande enquête dédiée aux discriminations durant le processus de recrutement : quelles formes prennent ces discriminations ? quels en sont les motifs ? à quel moment du processus sont-elles le plus récurrentes ? Quid du «body shaming » ?… Menée auprès de 4000 salariés français, durant le mois d’avril 2021, cette enquête dessine les contours d’un phénomène qui s’est largement accentué ses dernières années, au détriment de populations minoritaires, notamment féminines. Voici les principaux enseignements qui émergent de cette enquête exclusive.
2 fois plus de salariés victimes de discrimination à l’embauche en 20 ans
Passant de 12% en 2001 à 21% en 2021, le chiffre trahit un phénomène en très large expansion. Deux fois plus de salariés se disent donc aujourd’hui avoir déjà été victimes d’une discrimination durant le processus de recrutement, qu’il y a 20 ans. Il varie néanmoins sensiblement en fonction de différentes variables que sont :
– Le genre : 23% des femmes en ont fait l’expérience contre 19% des hommes
– L’âge : 25% des jeunes de moins de 30 ans, contre 12% des sexagénaires
– Le niveau social : 23% des CSP-, contre 10% des CSP +.

Toutefois, une variable accable plus lourdement certaines populations en la matière. En effet, la proportions de salariés se disant victimes d’une discrimination lors de la recherche d’emploi est très largement supérieure à la moyenne :
– chez les personnes se disant « non blanches » (42%),
– chez les minorités religieuses : 53% chez les musulmans, 35% chez les protestants et évangéliques,
– ou encore chez les salariés d’origine étrangère (50%).
L’entretien et ses suites, principaux foyer de discriminations
Le processus de décision consécutif à l’embauche (18%), l’entretien (17%) et l’examen du CV (14%) sont les 3 phases du processus d’embauche où les salariés interrogés disent avoir ressenti les plus fortes discriminations. Là encore, les femmes semblent davantage exposées que les hommes : 20% d’entre elles rapportent avoir déjà fait l’objet de discrimination durant l’entretien d’embauche, contre 15% des hommes.
Un chiffre qui varie par ailleurs également au sein de la population féminine, notamment en fonction de la religion, de la couleur de peau ou encore de degré de validité :
– 53% des musulmanes contre 19% des sans religion,
– 42% des racisées contre 18% des non racisées,
– 35% des femmes en situation de handicap contre 18% des valides
De la discrimination à la micro-agression : + 1 salarié sur 6 a fait l’objet d’une remarque désobligeante durant l’entretien
L’étude montre également que l’entretien est un moment où les candidats se retrouvent particulièrement exposés à différentes micro-agressions, et remarques en tous genres concernant notamment les origines ethniques ou culturelles (région d’origine, patronyme, accent, religion…). Ainsi :
– 1/3 des musulmanes ont déjà subi des propos déplacés à propos de leurs croyances religieuses
– 30% des salariés de nationalité étrangère ont subi des moqueries liées à leur prénom ou nom de famille.
– ¼ des personnes portant des signes religieux ont déjà fait l’objet de remarques liées à leur manière de s’habiller.

Le sexisme : les femmes au premier rang des agressions
Par ailleurs, le sexisme apparait en très nette hausse à l’occasion de l’entretien d’embauche, puisque 19% des salariés ont déjà subi des propos déplacés liés à leur sexe, soit deux fois plus qu’il y a 20 ans (7% en 2000). Des propos sexistes qui affectent particulièrement les femmes homosexuelles ou bisexuelles, ainsi que celles travaillant dans des secteurs à dominante masculine (34% dans le BTP, vs 17% dans l’administration).
Les femmes sont exposées à un éventail plus large et plus lourd de remarques sexistes, à l’occasion d’un entretien, notamment en ce qui concerne leur vie privée :
– 1 femme sur 2 est interrogée sur le fait qu’elle a ou non des enfants, contre 1 homme sur 3.
– Une femme sur 4 s’est déjà vue demander s’il elle comptait avoir prochainement un enfant (+ 7 points par rapport à 2000)
– 1 femme sur 5 est interrogée sur ses moyens de garde, également en hausse de 7 points en 20 ans.
Enfin, et de manière plus grave, certaines salariées interrogées ont rapporté des faits de harcèlement sexuel : 5% disent s’être vues offrir un poste en échange de faveurs sexuelles, et 5% demander de porter des tenues plus sexy.

Le « body shaming » s’invite à l’entretien : 1 salarié sur 5 a déjà subi une demande déplacée liée à son apparence physique
19% des personnes interrogées affirment avoir été victime d’irrespect lors de leur entretien d’embauche. Un irrespect lié à des remarques concernant particulièrement l’apparence physique : tenue vestimentaires, poids, accent…
Un phénomène de « body shaming » auxquels sont particulièrement exposés : – Les personnes obèses : 15% d’entre elles rapportent qu’il leur a déjà été demandé de perdre du poids ;
– Les jeunes de moins de 30 ans : 16% se sont déjà vus demander de modifier leur présentation physique ;
– Les salariés présentant un accent : 13% se sont vus demander de le gommer.
« L’inclusion, l’équité et la diversité sont aujourd’hui des priorités pour les employeurs, et ils déploient beaucoup d’efforts pour réduire les inégalités à l’embauche. Pour autant, l’étude démontre qu’elles sont encore trop nombreuses et persistantes. La réponse à ces discriminations nous semble à la fois technologique et humaine. Nous devons penser des outils à la fois performants et responsables et nous engager en faveur d’un recrutement éthique qui met l’inclusion, la transparence et le respect au centre de chaque embauche pour construire ensemble le monde du travail de demain », commente Marko Vujasinovic, fondateur de Meteojob et CEO de CleverConnect.
« Confirmant les enseignements des dernières grandes campagnes de testing, cette enquête met en évidence le caractère protéiforme des discriminations à l’embauche autant que leur dimension intersectionnelle. En rappelant que les processus de stigmatisation à l’entrée de l’emploi affectent particulièrement les femmes, les catégories populaires et les minorités visibles, elle montre que ces discriminations à l’embauche mettent en jeu plusieurs problématiques – le genre, la classe et la « race » – mais aussi plus largement tous les mécanismes de dévaluation des individus situés en dehors des normes (cf « body-shaming ») ou du groupe majoritaire. Enfin, l’enquête confirme malheureusement la persistance des formes de « sanction sociale » envers les salariées à l’entrée du travail – notamment en lien avec le « spectre » d’une potentielle maternité – qui rappelle qu’en dépit des actions menées ces dernières années, les femmes y restent discriminées à la fois en tant que femme et en tant que potentielle mère », commente François KRAUS, Directeur du pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » à l’Ifop.
Intégralité des chiffres ICI
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À propos de CleverConnect
Présent en France, Espagne, Italie et Benelux, CleverConnect accompagne de manière innovante plus de 2000 entreprises sur toutes les étapes de leurs recrutements, depuis le sourcing jusqu’à la qualification et la sélection de candidats. CleverConnect est né de la fusion de Meteojob et Visiotalent : Meteojob, pionnier du matching dans l’emploi, est l’un des principaux sites d’emploi en France (150 000 offres d’emploi traitées chaque jour, plus de 7 millions de candidats inscrits), Visiotalent, est un des leaders du recrutement vidéo en Europe avec un portefeuille de plus de 700 clients de renom sur le continent. CleverConnect c’est aussi HRMatch Candidats, qui permet d’enrichir les sites carrières des entreprises en proposant des offres d’emploi correspondantes aux CV des candidats.